http://www.myspace.com/grailsongs
Origine du Groupe : North America
Style : Alternative Fusion , Post Rock , Trip Hop , Psychedelic
Sortie : 2011
Par (The) Aurelio pour http://www.w-fenec.org
Quand on y pense, on pourrait dresser un parallèle assez ironique entre le titre du nouvel album de Grails (soit Deep politics) et celui du morceau chargé de l'inaugurer (Future primitive). Une
certaine noirceur dans le propos, un soupçon de résignation dans l'émotion que distille la musique du groupe, tout ceci transparait sur la première piste du disque, ondulant entre bande-son de
film (imaginaire), western post-moderne et folklore des îles britanniques, pour un rendu qui dépasse allègrement les frontières du spectre post-rock psychédélique habituel des américains. Sans
pour autant laisser augurer de ce que va être la suite. Laquelle va s'offrir une magistrale descente chromatique de dégradés de noir et gris sur une première partie proprement brillantissime,
avant de basculer vers quelque chose de plus lumineux, contrastant absolument avec ce qui a précédé... et va suivre, puisque le final du même morceau voit le groupe se livrer à un tour de voltige
post-prog à la grandiloquence épique. Risqué mais réalisé avec brio.
Un peu de trip-hop, un soupçon d'electronica pour matérialiser des ambiances orientalisantes, "Corridors of power" change du tout au tout, les Grails semblant vouloir passer d'un plateau à un
autre à chaque nouvelle séquence, livrant par la même occasion une partition d'une rare variété, qui trouve son apothéose sur ce qui constitue le, ou tout d'un moins l'un, des climax de l'album,
l'éponyme "Deep politics". Le piano y est sentencieux, porteur d'une mélancolie à fleur de peau, la mélodie fragile comme un fil de soie et les arrangements dépouillés portés par un groove
légèrement jazzy, le résultat est magique et montre l'autre visage d'un groupe qui, après l'emphase des premiers titres, a voulu verser dans l'intime, la retenue harmonique, sans fausse-pudeur ni
artifice superflu. Maître de son sujet, la formation originaire de Portland (Oregon, USA), enchaîne alors avec une nouvelle pépite et un "Daughter of Bilitis" organique, mélangeant à merveille
post-rock et musique (post-)classique avec un sens aigu du songwriting à la fois fouillé et classieux.
Les morceaux se suivent et ne se ressemblent que très peu, la griffe de Grails n'étant pas de celles que l'on reconnait aisément dès la première écoute, on a tendance à se laisser porter par les
huit pistes qui composent l'album et semblent être autant de tableaux illustrant un plan-séquence, une scène d'un scénario écrit à l'avance. La "faute" à des compositions très changeantes, qui
partent parfois un peu dans tous les sens jusqu'à en devenir insaisissables ("Almost grew my hair"). La ligne directrice semble de plus anarchique lorsque survient "I led three lives" et son
mélange post-prog/drone/art-rock/psychédélique halluciné, on s'accroche pour suivre, le groupe laisse libre cours à toutes ses aspirations artistiques et le résultat a, de fait, les qualités de
ses défauts, les avantages de ses inconvénients. Parce que Deep politics est assurément de ces albums qui nécessitent d'innombrables séances d'écoute attentive afin que l'on puisse l'appréhender
dans sa globalité et non plus piste par piste, pour pouvoir contempler l'étonnante palette de nuances utilisée par le groupe, avant son ultime twist narratif et l'acoustique "Deep snow". Les
guitares débranchées quasiment tout du long, Grails laisse tourner les dernières bobines d'un disque mélangeant les genres pour mieux trouver sa propre identité.
Tracklist :
01 - Future Primitive
02 - All The Colors Of The Dark
03 - Corridors Of Power
04 - Deep Politics
05 - Daughters Of Bilitis
06 - Almost Grew My Hair
07 - I Led Three Lives
08 - Deep Snow
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